Très richement vêtu, s’en allait le Héron.
C’est l’âme toute éprise par le bois de Montrond
Qu’il marche et devise sur sa piètre existence.
Il en est arrivé à ce point d’impatience
Qu’il éructe et vomi à propos de ces gens
S’ingéniant, tout pétris d’un amour de leur temps,
A vanter le bonheur qu’ils ont à la bouche
Quand d’autres, dans la fange, se tiennent farouches.
Est-ce un trait d’innocence ou bien trait de génie
Qu’aimer la contredanse où nous tient cette vie ?
D’aucun la qualifie chance et peut-être vertu
Ce que notre héros considère, impromptu,
Comme un chant d’impudence dénué de poésie
Tant sa frêle existence, qui ne trouve partie,
Lui pèse et l’indolence lui martèle l’esprit
D’une grande impuissance, spectre de ses nuits.
Se mirant au soleil d’un matin dispendieux
Dans les eaux d’un étang qui le rendent radieux,
Le Héron s’apprivoise, s’absorbe et se contemple
Quasi religieusement dans le bois qui fait temple.
S’octroyant le destin d’un être fort et bon
Dont la patte bien faite et le ventre un peu rond
Ne pourraient pas déplaire à l’aigrette fidèle,
Si le Dieu des oiseaux par le biais d’anophèle
Lui venait propager de ce tendre poison,
Celui qui rend unis, au même diapason.
A ce moment précis, dépliant sa courbette,
Il distingue, ébloui, son ombre, sa conquête
Qui, pour n’être cendrée, se nomme garde bœufs.
Il la voit accroupie en charge de quelques œufs,
La belle est nourricière et de belle facture ;
Elle est, à elle seule, poème à la nature.
Il place son jacquard et remet son jabot
Il est dit qu’aujourd’hui il est prince très haut,
Se gonfle et reprend vie sous des cieux plus affables,
Pétri de fantaisie, fait amende honorable.
Lairedubeau
15.02.17